02 avril 2009

Exploitation politicienne des plans d’infrastructure TC pour l’IdF.

L’actualité des transports est marquée par des compétitions politiques pour apparaître aux yeux de l’opinion comme le « sauveur des transports en commun ». Les sujets de fond sont pris en otage et instrumentalisés par les acteurs de cette lutte.

Les principaux protagonistes sont l’exécutif régional et le STIF autour de JP Huchon, d’une part, et le gouvernement, principalement C. Blanc, autour de N Sarkozy, d’autre part. On pourrait identifier également des seconds rôles qui tentent de jouer leurs partitions et apportent leur soutien à tel ou tel. RATP et SNCF, entreprises nationales se rangent assez naturellement du coté de l’Etat, Ville de Paris et départements tentent de tirer leur épingle du jeu avec parfois quelque ambiguïté.

La région présidée par JP Huchon a pour elle la légitimité que lui donne la loi. Elle a en charge le SDRIF (schéma directeur de la région) ; le STIF qu’il préside également mène les études préalables et doit approuver les projets d’infrastructures aux différents stades de leur élaboration. Pourtant, cette compétence théorique ne pèse pas très lourd dans l’opinion et les journalistes connaissent une autre légitimité, celle que donne la notoriété médiatique. En France, aujourd’hui n’est-ce pas le président qui décide de tout au mépris des institutions et des rôles attribués à chacun par les textes ou la tradition ?

Le gouvernement n’est pas sans moyen d’action avec le contrôle qu’il exerce sur les entreprises publiques dont les présidents sont nommés par lui. Le PDG de la RATP qui doit justement être renouvelé ou remplacé au printemps ne peut que faire tout son possible pour donner des gages à ses maîtres. Par ailleurs, disposant d’un majorité à l’assemblée, le gouvernement peut changer la loi, revenir sur la décentralisation qui vient d’être mise en place et reprendre au STIF certaines des compétences qu’il vient de lui donner. Il est question de créer un nouvel établissement public en charge des infrastructures et qui serait contrôlé par l’Etat.

La région et les départements de gauche (6 sur 8) soutiennent un programme d’investissement qu’ils ont appelé « plan de mobilisation » et qui inclut 18 milliards d’investissements à réaliser d’ici 2020. Ce plan est ambitieux mais reste réaliste. Il permettrait de résoudre les situations de congestion les plus sévères et d’accompagner la densification de la petite couronne en lui apportant une desserte métro de qualité. Les projets qu’il comporte ont fait l’objet d’études préliminaires et de premières évaluations. Il prend également en compte un programme de mise en accessibilité pour répondre aux exigences de la loi de 2005. La région étant « aux commandes » se doit d’être responsable dans sa programmation et de tenir comptes des contraintes que sont les besoins, le financement et le cadre législatif et règlementaire.

C. Blanc ne s’embarrasse pas de ses contingences. Il ne semble pas qu’il ait fait appel aux experts capables d’évaluer les projets en Ile de France, il ignore toute contrainte budgétaire prétendant que l’on peut trouver des financements privés et il place son tracé non pas là ou sont les habitants et les emplois mais là ou il voudrait qu’ils soient. Les usagers malheureux de la ligne 13 n’auront qu’à aller travailler là ou le projet de M. Blanc veut bien les emmener.

Naturellement, C. Blanc change la loi pour rendre possible tout ce qui ne l’est pas, il crée en particulier de nouvelles structures et une nouvelle organisation des compétences et tout cela, sans concertation au motif qu’il faut aller vite.

Son pari, qu’il est en passe de gagner, est que l’opinion sera éblouie par l’audace et l’ambition, comment ne pas applaudir à la réduction significative des distances au profit d’un territoire plus vaste que celui que propose de couvrir le plan de la région. Le public et les journalistes aiment les schémas visionnaires et ne veulent pas qu’on leur dise que ce ne sont que des contes fantastiques et que la réalité, la mesquine contrainte financière, ne permet pas de mettre à exécution tous ces beaux projets. L’incapacité financière de l’Etat est pourtant une évidence et une constante qu’il est difficile d’ignorer. L’Etat, n’a pas rempli ses engagements financiers du contrat de plan 2000-2006 et il a inscrit moins de 150 millions d’euro à son budget 2009 pour les infrastructures régionales. Qui peut sérieusement croire qu’il va pouvoir s’engager à hauteur de 2 milliards d’Euro par an pendant 10 ans ?

L’idée que l’on va faire appel au privé est également une illusion. Les investisseurs privés ne sont pas des philanthropes et s’ils avancent de l’argent, ils attendent un retour sur investissement bien supérieur à ce que l’Etat et les collectivités payent pour rembourser leurs emprunts.

Le projet CDG Express est peut être un projet Blanc en miniature et nous donne une indication sur la manière dont tout cela va se terminer. L’investissement ne s’élevait qu’à 600 m€ selon les estimations. Le gouvernement a eu recours à une loi pour le mettre en œuvre en dehors du cadre du STIF. L’appel d’offre au secteur privé a reçu une seule candidature qui devrait semble t il ne mener nulle part. Le montage innovant de partenariat public privé, le fameux PPP, n’a pas fonctionné.

Tout cela n’est que de l’esbroufe politicienne, C. Blanc n’a qu’une mission, celle de contribuer à reprendre à la gauche la tête de la région Ile de France. Cela vaut bien quelques mensonges qui seront de toute façon excusés comme l’on fait toujours pour les propos électoraux.

Pendant ce temps les véritables difficultés que rencontre les usagers des transports ne sont pas sérieusement abordées.