03 novembre 2007

La rue parisienne

Il y a quelque chose de spécial dans les rues de Paris, ou plus précisement dans la conception de la rue à Paris, que l’on ne retrouve pas dans des espaces moins denses et moins contrôlés comme certaines banlieues ou petites villes. L’espace parisien est presque entièrement maîtrisé par les services municipaux, chaque mètre carré a été entièrement programmé sur la table d’un dessinateur puis mis en forme par une entreprise de travaux publics.

Dernièrement, avec l’importance prise par le thème du partage de la voirie, nous avons franchi encore une étape dans ce processus. La manière dont l’espace public est traité est devenu un enjeu politique important et pas seulement pour les grandes options, comme la place accordée à la voiture, mais aussi pour les détails comme le marquage au sol, la signalisation …

Les aménagements de partage de la voirie sont devenus aussi plus complexes. Là où on avait grosso modo deux types d’espaces : la chaussée pour les voitures/bus/deux roues et les trottoirs pour les piétons, nous avons maintenant en plus des couloirs bus et des espaces réservés aux vélos.

L’organisation de cette multiplication d’affectation entraîne une grande complexité. Le piéton n’est plus assuré que le danger vient de gauche lorsqu’il descend du trottoir sur la chaussée. Il doit aussi être vigilant aux marquages des voies réservées aux vélos sur certains trottoirs.

La déambulation sur un trottoir ne demandait avant pas tant de vigilance avant, la perception du trottoir dénivelé était claire. Les aménagements d’aujourd’hui sont plus compliqués et il faut être attentif pour savoir où l’on est.

Il y a d’ailleurs une contradiction avec la volonté de mieux accommoder les besoins des personnes handicapées et en particulier des aveugles. Des bandes podotactiles sont implantées à chaque obstacle important mais cela ne peut compenser la difficulté que présente pour eux la complexification que recèle le partage de la voirie.

Les responsables de la ville ont sans nul doute conscience des multiples conflits et contradiction et cela r
ésulte dans un espace toujours plus sophistiqué. Les gestionnaires répondent au problème par toujours plus d’ingénierie et de soin.

Il faut reconnaître qu’une grande partie des efforts des concepteurs vise précisément à simplifier ne serait-ce que pour compenser la complexification que l’on a voulu introduire par ailleurs. Il en résulte un environnement hautement contrôlé.